
La réponse est évidemment : oui. Car tout ce que nous venons de vivre peut se reproduire. Dans ce contexte difficile, au-delà de parer aux urgences, les dirigeants n’ont sans doute plus d’autre choix que d’inventer ou réinventer un modèle économique qui leur permette de prendre en compte de façon très sérieuse l’impact qu’ont eu les événements sur leur activité. Inutile de se voiler la face : la crise va durer encore plusieurs mois et son impact sur le monde des affaires est vertigineux.
Pour une entreprise et son dirigeant, jusqu’à présent, la priorité était mise sur le déploiement d’une offre claire, un service ou un produit, un prix à destination d’un public ciblé et qui s’appuyait sur un avantage différenciant. Il est désormais essentiel pour tous les dirigeants d’explorer leur entreprise et son fonctionnement en profondeur. Tous les secteurs d’activités sont impactés à plus ou moins grande échelle.
Comment s’y prendre ?
En se reposant des questions, par exemple :
- à propos de ses clients : notre offre est- bien adaptée aux clients que nous avons ou à ceux que nous pourrions avoir dans l’avenir ? Répond-elle bien à leurs besoins ? En résumé, est-on toujours bien aligné avec notre modèle économique d’origine ? Lorsqu’on ne l’est plus, on s’oblige parfois à réduire ses marges tout en étant prêt à sacrifier la qualité pour garder ses clients sans s’apercevoir qu’ils ne correspondent plus à ceux auxquels on s’adressait à l’origine. D’autres questions plus intéressantes doivent être posées : quelles ont été leurs réactions, leurs attentes, leurs demandes pendant la période de confinement ? N’ont-ils pas initié de nouvelles façons de se positionner avec les équipes, de nouvelles façons de travailler susceptibles de perdurer hors confinement, en réduisant par exemple les rencontres physiques et en les remplaçant par des réunions en visioconférence ? De fait, des réponses doivent être trouvées : l’entreprise est-elle prête à y faire face… Tout comme son personnel ?
- à propos de ses fournisseurs et/ou de ses partenaires : ont-ils tous « tenu le choc » ? Ont-ils fourni les matériaux, les matériels ou les services dont l’entreprise a eu besoin pour servir ses clients pendant les événements ; ceux-ci ont-ils révélé des points faibles dans les modes de distribution dont il faut absolument tenir compte dès aujourd’hui ?
- à propos de ses équipes et de son organisation : qui a su s’adapter rapidement, qui a été proactif quand il a fallu initier du télétravail. Comment ont réagi les séniors de l’entreprise, faut-il en aider certains ? Comment ont réagi les juniors, sont-ils restés motivés ? La confiance en l’entreprise est-elle toujours là, a-t-elle été ébranlée et pourquoi, ou est-elle à restaurer ? Que faut-il changer ou au contraire que faut-il garder des méthodes de travail qui se sont installées ?
Les réponses à ces questions et d’autres telles que ses circuits de distribution, son niveau de qualité de service aux clients, le choix de ses partenaires ont un impact direct sur ce que l’entreprise est capable (ou non !) de délivrer et de générer comme flux de revenus tout en optimisant ses coûts. La proposition unique de vente de l’entreprise reste-t-elle d’actualité ou doit -elle être réajustée ou transformée ?
En résumé, un dirigeant, plongé dans son activité quotidienne, oublie parfois de prendre le temps de se (re)poser les bonnes questions et, d’y réfléchir en profondeur et au bon moment : la crise actuelle est une bonne opportunité pour le faire.