En quelques secondes, l’épidémie du Covid-19 a imposé, de force, le télétravail. Certains le pratiquaient déjà, d’autres s’y préparaient mais pour la grande majorité, travailler chez soi, à distance, a été une grande première.
En préambule, même si, pour de nombreuses entreprises, le sujet était encore tabou, comparativement à d’autres pays, la France était en première position des adeptes à cette méthode de travail : une enquête menée à l’initiative de Wrike, éditeur d’une solution de gestion des tâches et des projets en mode collaboratif révélait que 20% des entreprises françaises avaient encouragé la pratique du télétravail, contre 11,70% des entreprises allemandes et 5,50% des entreprises britanniques.
Pourtant les entreprises françaises sont encore frileuses
Il est évident que toutes fonctions d’une entreprise, comme celles qui fabriquent et diffusent certains produits, ne peuvent pas pratiquer le télétravail. Pour celles qui le permettent, le principal frein à l’épanouissement du télétravail en France est… le besoin de « contrôler ».
Pourtant, on ne peut qu’être d’accord sur ces constats :
– il est contre-productif qu’un salarié doivent, chaque jour, passer une, deux ou trois heures dans les transports,
– il n’y a aucune raison, si bien sûr, les conditions minimums sont réunies (bonne connexion Internet, espace de travail correct, confort…) qu’un salarié travaillant à distance soit moins efficace qu’un autre,
– un meilleur équilibre de vie professionnelle et vie privée est bénéfique pour un salarié donc pour son entreprise.
Pourtant force est de constater que le télétravail fait toujours débat.
En cause, un management inadapté
Pour un manager, avoir ses équipes à proximité est confortable et rassurant : un oubli, une problématique qu’il juge urgente… Quelques échanges sur le pas de la porte et tout (ou presque) peut être résolu, en tout cas, il est courant de le penser. L’écueil de cette façon de fonctionner est bien visible en temps de confinement : un manque de formalisation d’objectifs claire, de règles du jeu partagées, d’échéances précises… Ce qui peut être compensé en relation de proximité peut s’avérer catastrophique à distance. Pourtant ce sont toutes ces imprécisions au quotidien qui produisent l’inquiétude du manager. De fait, il en vient à penser qu’il doit tout « contrôler », et que cela ne sera faisable qu’à condition que ses collaborateurs restent près de lui.
En résumé, le télétravail pour une entreprise peut s’avérer un bon révélateur du niveau de qualité de son management… et de ses managers.
Comment réussir son « télétravail » ?
Lorsque :
– bien évidemment, le métier le permet,
– les objectifs sont clairs,
– les échéances sont partagées,
– le niveau de qualité a été défini,
– les conditions matérielles sont satisfaisantes (ordinateur, Internet, logiciels adaptés…),
en résumé, que toutes les conditions soient réunies pour que le salarié puisse effectuer correctement sa mission, sa position géographique n’est plus un critère de réussite.
Cela demande aussi à chaque dirigeant, chaque manager de s’adapter : il doit être capable de faire confiance, soit… Mais surtout de faire des points réguliers et systématiques avec ses équipes à distance et de ne rien lâcher sur les aspects les plus factuels des missions, dans la gestion des projets.
L’autre qualité qu’il devra travailler et développer est de préserver l’esprit d’équipe… à distance ; ce qui n’est pas toujours facile. Ce qui peut bien fonctionner en binôme à l’écran peu moins bien fonctionner à plusieurs : percevoir les signes d’une désapprobation, d’un manque de motivation pour certains aspects d’un projet ou le décrochage pur et simple d’un collaborateur ne sont pas faciles à détecter.
En conclusion
Oui, on peut réussir son « télétravail » mais celui-ci ne remplacera pas totalement les réunions et entrevues physiques. Certaines décisions, certains projets nécessitent une véritable interactivité humaine. C’est le bon équilibre entre les deux qui sera gage de réussite. Pour cela, aucune règle précise n’a été établie : il faut décider soi-même à quel rythme alterner ces formes de réunions.
Au dirigeant et/ou au manager de faire confiance à son intuition !